Faisabilité initiale de mise en place des ASCo pour les directrices et directeurs d’EHPAD
Par Joan PRZYSUSKI — IDEC, formatrice ASCo, fondatrice de Booster de carrière, le premier organisme de formation qualiopi spécialisé dans la coordination des soins en ESMS.
Un poste encore récent… et surtout multiple
Depuis quelques années, de plus en plus de directrices et directeurs d’EHPAD s’intéressent au rôle d’ASCo — Aide-Soignante Coordinatrice.
Ce poste est encore jeune dans le paysage médico-social, mais surtout : il recouvre des réalités très différentes d’un établissement à l’autre.
En pratique, on peut distinguer trois grands types d’ASCo, chacun répondant à des besoins et des réalités spécifiques.
Il est également possible de mixer ces types, selon les besoins : taille de la structure, autonomie des équipes, présence ou non d’une IDEC, fonctionnement en 12 heures, contraintes budgétaires, besoins qualité, projets en cours…
J’expliquerai ces trois types d’ASCo et leurs combinaisons possibles dans un article dédié.
Aujourd’hui, nous allons nous concentrer sur la question que toutes les directions se posent avant de franchir le pas :
« Combien coûte réellement une ASCo ? »
et surtout :
« Est-ce un bon investissement pour un EHPAD ? »
1. Le coût salarial direct : combien gagne une ASCo ?
Une ASCo est une aide-soignante expérimentée, professionnalisée et formée pour occuper un rôle pivot.
Revalorisation moyenne : +100 € nets après certification
Dans les établissements que j’accompagne, la tendance observée est une revalorisation d’environ +100 € nets mensuels, effective dès le mois suivant la certification.
Cette valorisation reconnaît :
- son rôle d’organisation,
- sa fonction de référente,
- la responsabilité de coordination,
- la transmission d’information vers la direction,
- la qualité de présence auprès des équipes.
Possibilité d’évolution la deuxième année
Certaines directions ajustent ensuite la rémunération selon :
-
les objectifs atteints,
-
l’impact sur les indicateurs qualité,
-
la maturité du dispositif.
C’est une évolution progressive, maîtrisée.
2. Le coût RH : remplacer (ou non) l’ASCo puisqu'elle n’est plus à 100 % en soins
C’est l’un des points les plus importants à comprendre.
Pour créer une ASCo option "starter" c'est à dire le minimum, deux solutions existent.
Elles sont équivalentes en résultats, mais pas dans l’organisation interne.
Option 1 — Ajouter un 0,5 ETP ASCo d'encadrement à l’effectif actuel
Vous créez un poste ASCo à 50 % (ou 100 %), sans retirer une AS de l’équipe.
J'ai vu des essais en CDD
Avantage :
-
pas d’impact sur les soins directs
-
pas besoin de remplacer qui que ce soit
-
continuité immédiate
C’est idéal dans les EHPAD qui ont la capacité d’ajouter un demi-poste.
Option 2 — Transformer une AS en ASCo (à mi-temps coordination / mi-temps soins)
Une option fréquente
Fonctionnement :
-
une AS de votre équipe devient ASCo,
-
vous la libérez 50 % de son temps,
-
et vous remplacez uniquement ce 0,5 ETP en soins.
Il ne s’agit donc pas de remplacer un ETP complet, mais seulement la partie qu’elle ne consacre plus aux soins.
Attention : l’erreur à ne surtout pas commettre
Il est tentant d’organiser la journée ainsi :
-
le matin : AS sur un secteur,
-
l’après-midi : coordination.
C’est une erreur grave pour deux raisons :
-
L’après-midi n’est pas “un temps faible” en EHPAD
Il y a autant d’enjeux qu’en matinée : hydratation, animation, accompagnement, prévention des risques, moments sensibles en comportemental, surveillance du rythme de journée… -
Le message implicite est délétère
Cela revient à dire :
« Le soin le matin est plus noble que le reste. »
C’est faux, et cela affaiblit totalement la posture d’ASCo.
Pour fonctionner, une ASCo doit avoir de vraies plages dédiées, définies et respectées.
Je proposerai des journées types dans un autre article — car c’est un sujet à part entière.
3. Le coût de la formation : un investissement stable et sans absence
La formation ASCo est :
-
dans un format certifiant,
-
à distance,
-
sans frais annexes (transport, hébergement…),
-
sans absence sur le poste,
-
progressive sur 6 mois.
Pour l’employeur, cela signifie :
-
aucune perturbation des plannings,
-
une montée en compétences continue,
-
une intégration fluide dans la posture de coordination.
La formation n’est donc pas une charge ponctuelle, mais un investissement maîtrisé, lissé dans le temps.
4. Le vrai coût… c’est l’absence d’ASCo
Le gaspillage RH invisible dans un établissement sans coordination est massif.
Exemple réel en lien avec la compétence 5 "Garantir la qualité de l'intégration d'un membre de l'équipe dans le début de son parcours au sein de l'entreprise"
: 2 h 15 perdues à chaque nouvelle arrivée sans ASCo
Dans de nombreux EHPAD, l’accueil d’une nouvelle AS ressemble à ceci :
-
6 AS discutent 15 minutes des secteurs → 6 × 15 min
-
1 AS supervise par défaut la nouvelle sur leur secteur → 15 min MINIMUM
-
1 AS l'accompagne au vestiaire +/- recherche de la tenue → 2 × 15 min
Total = 2 h 15 de travail collectif perdu → 0,064 ETP par arrivée.
Si votre établissement accueille :
-
1 AS / mois → 0,76 ETP/an perdus
-
2 AS / mois → 1,52 ETP/an
-
3 AS / mois → 2,28 ETP/an
C’est un coût RH invisible, mais bien réellement retiré du temps de soin ces jours là.
Avec une ASCo concernant le temps d'accueil :
-
accueil structuré
-
employabilité immédiate,
-
sérénité retrouvée dans les équipes
-
remplaçants fidélisés,
-
plus de temps de soin
5. Les bénéfices économiques, sociaux et RH d’une ASCo
5.1. Économie organisationnelle
Une ASCo :
-
réduit les pertes d’efficacité,
-
fluidifie les transmissions,
-
améliore la répartition des tâches,
-
accélère la montée en compétences des nouveaux,
-
diminue les erreurs quelquefois coûteuses (nutrition, contentions, communication famille).
5.2. Bénéfices sociaux et qualité des soins
Elle renforce :
-
la traçabilité,
-
la mise à jour et l'effectivité des plans de soins,
-
la maîtrise des textures et régimes,
-
le suivi bucco-dentaire,
-
la détection des risques de maltraitance
Une bonne coordination réduit les événements indésirables.
5.3. Bénéfices RH
L’ASCo :
-
structure l’accueil,
-
soulage les équipes,
-
réduit les tensions,
-
crée du lien avec la direction,
-
fidélise les remplaçants.
Une équipe coordonnée est une équipe avec un turn over apaisé
5.4. QVCT renforcée
Quand tout est plus clair :
-
les équipes se sentent soutenues,
-
la charge mentale baisse,
-
l’absentéisme aussi.
Une ASCo peut être un amortisseur de stress collectif.
6. Étude de cas : 19 référents pour transformer un établissement
Dans un SMR où j’ai exercé, nous avons créé un dispositif de 19 référents.
Les résultats ont été spectaculaires :
-
aucun poste vacant,
-
un pool de remplaçants fidèle pour les congés,
-
une coordination fluide,
-
une équipe engagée,
-
un climat apaisé.
C’est un exemple parmi d’autres qui montre :
Une coordination structurée change un établissement.
7. L’ASCo dans la logique ANAP : collaboration et continuité
L’ANAP met en avant l’importance de la coopération interprofessionnelle :
https://www.anap.fr/
L’ASCo correspond exactement à cette vision :
-
elle relie,
-
elle fluidifie,
-
elle sécurise,
-
elle stabilise.
Ce n’est pas un poste supplémentaire.
C’est une pièce maîtresse de l’organisation.
8. En résumé : combien coûte une ASCo ?
Coûts directs
-
revalorisation salariale (≈ +100 € nets)
-
formation (sans absence, sans frais annexes)
Coûts indirects Minimums
-
remplacement de 0,5 ETP si l’ASCo est créée à partir d’une AS existante
Coûts évités
-
jusqu’à 1 ETP/an perdu dans les accueils non coordonnés
-
erreurs évitées
-
turnover réduit
-
qualité renforcée
-
supervision allégée pour la direction
Une ASCo coûte beaucoup moins cher… que le manque d’ASCo.
FAQ — Les questions les plus fréquentes
Quel est le salaire d’une ASCo ?
Environ +100 € nets après certification, réévalués éventuellement selon les objectifs.
Quelle est la meilleure configuration ?
Starter : 1 ASCo à 0,5 ETP — soit ajoutée, soit créée à partir d’une AS existante.
Premium : 2 ASCo en 12h
Peut-elle être AS le matin et ASCo l’après-midi ?
Non : c’est une erreur organisationnelle majeure.
L’ASCo remplace-t-elle l’IDEC ?
Non, elle la soutient et renforce son action quotidienne, elle lui permet de se concentrer sur l'accompagnement des IDE, la clinique du public accueillis, le circuit du médicament, les projets personnalisés, les activités thérapeutiques non médicamenteuses, la recherche.
Quel est le ROI d’une ASCo ?
Plus d'un 1 ETP de temps mort rendu au soin, une baisse du turnover, une meilleure QVCT, une amélioration de la qualité ressentie par les habitants et leur famille.
Conclusion : l’ASCo n’est pas un coût, c’est une stratégie durable
Créer un poste d’ASCo, c’est investir dans :
-
la stabilité,
-
la qualité,
-
la bientraitance,
-
la communication interne,
-
la continuité du soin,
-
et le bien-être des équipes.
Une ASCo ne coûte pas :
elle transforme.
Un RDV diagnostic pour évaluer votre situation ?
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